En
pleine lecture de "L'intelligence du cœur" d’Isabelle
Filliozat, je fais une petite pause afin de poser quelques mots ici.
En
effet, je viens de lire un chapitre qui me parle, qui m’a fait
largement écho et qui m’a (re)donné envie d’écrire.
Cet
article n’est pas documenté, pas pensé, juste une réflexion, qui
découle de mes mains brièvement posées sur le clavier (n’oublions
pas que j’ai calé mes enfants devant Netflix !).
Ce
fameux paragraphe s’intitule « Moi je suis... » pages 64
et 65. Il m’a sûrement plus interpellé car l’auteure prend pour
exemple la timidité.
Cette
fameuse caractéristique qui m’a bien trop longtemps collée à la
peau. Cette étiquette qu’il est facile de coller mais dont il est
bien plus difficile de se séparer. Ce trait de caractère qui résume
trop facilement une personne et que certains adultes essayent
désormais de coller à l’une de mes filles de bientôt 4 ans.
Depuis
que les filles sont entrées à l’école, j’ai bien compris que
ce combat contre l’étiquette avait repris. J’ai bien senti que
L. allait vivre les mêmes choses que moi concernant cette foutue
« timidité ».
Les
commentaires de la maîtresse ou d’une ATSEM, les futurs bulletins
avec la mention spéciale timide : « élève trop timide »
« bonne élève mais ne participe pas assez » « bonne
élève mais je ne connais pas le son de sa voix »…
Tout
d’abord j’ai été attristée et j’ai compris que je ne m’étais
pas rendu-compte de cela mais que j’en avais souffert de porter
cette étiquette, d’être celle qui ne prend pas la parole, celle
qui rougit facilement, la bonne élève mais trop timide !
Quand
j’ai compris cela, j’en ai parlé avec une amie qui m’éclaire
souvent sur ce genre de sujet grâce à sa vision décalée (Volda si
tu passes un jour par là). Elle m’a dit mais pourquoi tu
t’inquiètes pour L., regarde l’adulte que tu es devenue,
inquiète toi plutôt pour C. qui est de nature plutôt « à
l’aise » car tu auras moins de moyens pour la guider.
Ses
paroles m’ont effectivement encore une fois bien aidée. J’étais
donc passée à autre chose tout en m’appliquant de reprendre les
proches qui utilisaient un peu trop le mot « timide »
pour qualifier ma fille.
Dernièrement
L. nous a fait un passage un peu compliqué émotionnellement mêlé
de peur et de tristesse. Nous avons toujours valorisé l’expression
des émotions et L. a vite su mettre des mots dessus. Nous l’avons
de notre mieux accompagné dans l’expression et le ressenti de ses
sensations éprouvantes.
N’aurait-il
pas été bien plus facile de lui dire : « Mais non tu
n’as pas peur quand je te laisse à l’école c’est juste parce
que tu es timide. »
On
arrive donc à ce que je viens de réaliser en lisant ces quelques
lignes aujourd’hui, je ne veux pas coller une étiquette à mes
filles, derrière laquelle elles seraient cachées ou emprisonnées.
« Accepter
de lâcher une étiquette de timide peut réveiller trop d’émotions.
Si vous ressentez de la peur, vous dire ‘C’est parce que je suis
timide’ n’explique rien mais rassure tout de même, c’est une
raison, et cela évite de se confronter trop directement à la peur.
‘J’ai peur’ sous-entend que vous pourriez ne pas avoir peur ;
‘Je suis timide’ est une définition de vous, vous ne pouvez pas
faire autrement. Cela vous déresponsabilise en quelque sorte. »
(« L’intelligence du cœur » - Isabelle Filliozat).
Je
n’ai malheureusement pas eu d’éducation, je dirais même
d’alphabétisation, émotionnelle comme toutes les personnes de ma
génération. Néanmoins, je crois pouvoir dire que je ne m’en sors
pas trop mal sur ce point. J’ai toujours été à l’écoute de
mon ressenti et ça me sert au quotidien.
J’ai
finalement avec persévérance, sans m’en rendre compte décollé
cette étiquette de « TIMIDE », j’ai presque accepté
d’être surprise par mon visage qui rougit en public, d’ailleurs
il ne rougit quasi plus. Les gens sont aujourd’hui étonnés quand
je dis que je suis timide. D’ailleurs je ne le dirai plus !
Sauf si j’ai besoin de me cacher derrière cette caractéristique,
je le garde en joker conscient on ne sait jamais;-) !
Bon
maintenant que j’ai compris tout ça, je prépare mes répliques
pour les prochains bulletins de L. et surtout je fais attention que
C. ne se retrouve pas avec une étiquette qui pourrait dans un
premier temps plus positive mais qui l’enfermerait également.
Peut-on
par exemple exprimer facilement les émotions jugées comme négatives
quand on a toujours été le boute-en-train à l’aise avec tout le
monde...
Anaëlle A.TIPI.QUE